Focus ton Article
veilleur1
2023-12-01
Bulletin n° 11 A 1
#Secondaire :
économie sociale et solidaire
Interêt :
tactique
Média :
actu
Podcast
Objectif :
savoir
Pestel+ :
social
technologique
Plus d'une personne de 60 ans sur trois est en situation d'illectronisme mais il touche également un jeune sur cinq. Contrairement à l’e-exclusion qui définit le manque de moyens, l’illectronisme désigne le manque de savoir face aux outils numériques. Un fléau qui handicape un Français sur cinq.
Contraction d’illétrisme et d’électronique, l’illectronisme est un néologisme apparu au début des années 2000. Il se définit par une maîtrise insuffisante des compétences numériques de base, nécessaires à toute personne pour effectuer de manière autonome des actes de la vie courante.
Didier Barathon, spécialiste de l'économie numérique et auteur du livre L'exclusion numérique - Fracture numérique et illectronisme, estime qu’il touche aujourd’hui 10 à 15 millions de Français dont 3 à 5 millions cumulent fragilité sociale et numérique. Véritable cause de rupture avec la société, Cette fracture touche tous les âges, toutes les classes sociales,** contrairement aux idées reçues.
Les personnes âgées mais aussi les jeunes
En 2023, notre société est devenue quasiment entièrement numérique. Par souci d’économies, de plus en plus de sociétés optent pour la dématérialisation. Les administrations et grandes entreprises publiques, en tête de liste. Passer au numérique nécessite une adresse email mais en créer une pour des non-initiés relève d’une véritable gageure. Pour ceux qui semblent être les plus touchés, on pense en premier aux personnes âgées mais Didier Barathon révèle que c’est un préjugé. L’illétrisme numérique touche un peu tout le monde, y compris des tranches d’âge plus étonnantes « Dans les permanences, on rencontre des jeunes qui ne savent pas aller sur Google pour trouver une offre d'emploi, qui ne savent pas récupérer leur mot de passe et en faire, qui trouvent inutile de télécharger et d'aller sur des espaces particuliers de la sécurité sociale, de la mutuelle ». Le spécialiste de l’économie électronique explique que l’on rencontre même ce phénomène chez des jeunes diplômés qui ne savent pas se servir des outils bureautiques de base lorsqu’ils arrivent en entreprise « Il y a un enseignement technique numérique à l'école, mais on évite souvent ces savoirs de base, comme les outils bureautiques, parce que l'on pense que tout le monde les connaît. En réalité non, tout le monde ne les connaît pas. Et quand vous cherchez du travail ensuite, c'est un sacré problème. Et quand vous êtes dans une entreprise, ou dans une administration ou dans une association, on considère que vous savez automatiquement le faire ».
Exclusion numérique rime souvent avec exclusion sociale
Pour un tiers des 15 millions de Français touchés par le phénomène, Didier Barathon précise qu’il s’agit de personnes maîtrisant mal le français, ayant reçu une éducation de premier niveau, gagnant de très faibles revenus et parfois même habitant dans une zone géographique isolée. Pour certaines, elles n’ont pas la fibre optique, n’ont pas forcément accès à un ordinateur et même si elles y ont accès ne savent pas forcément l’utiliser « Les gens sont complètement perdus sur un ordinateur, c'est finalement très compliqué quand vous n'avez jamais utilisé un ordinateur. Imaginez, vous n'avez jamais utilisé un ordinateur de votre vie, vous avez vu uniquement un capot. Donc la personne, il faut la faire venir de l'autre côté de l'ordinateur, lui faire découvrir le clavier, lui faire ouvrir, allumer, éteindre l'ordinateur, lui faire comprendre comment fonctionne la souris, la faire aller sur Google, lui créer une adresse mail et ensuite c'est parti elle peut se connecter aux services publics, la cantine des enfants ». De même elles se retrouvent souvent isolées familialement ou dans leur travail, ce qui renforce leur illectronisme et leur sentiment de honte car elles ne peuvent rien faire.